On a noté, malgré l’effort massif, considérable, appréciable et conséquent des équipes médicales, parfois mal outillées, des aller-retour dans les choix du gouvernement, qui n’ont pas permis de cerner cette maladie capricieuse qu’on ne gère qu’avec tact, clairvoyance et surtout avec du courage d’Etat.
Beaucoup de personnes, certaines des acteurs confirmés de la santé, se sont plaintes de la démarche de l’Etat. Une démarche dubitative qui a ouvert beaucoup de brèches au virus qui, finalement, s’est bien installé dans le pays.
On se souvient des lenteurs dans la fermeture des frontières, l’hésitation dans le confinement du pays… L’Etat du Sénégal, face à plusieurs feux, manque, dans bien des cas, le courage qu’il faut à un Etat pour trancher et aller vers l’absolue urgence de répondre à l’attente des populations.
Le courage : est-ce un sujet d’actualité, en une époque où, du moins dans nos sociétés en quête d’issus de survie à tous les niveaux et face à plusieurs maux qui les guettent et souvent les rattrapent, la quiétude, le bien-être, la recherche du bonheur individuel semblent être le souci dominant face à un Etat qui ne gagne, presque aucun combat, pour le compte du peuple?
Le courage est une vertu devant l’urgence. Pour Vladimir Jankélévitch, “initiative et dénouement à la fois, le courage est la vertu réussie entre toutes ou, mieux, il est l’élément du triomphe virtuel qui est en chaque vertu, ce qui rend les autres vertus efficaces et opérantes ; et, peut-être, après tout, est-il moins une vertu lui-même que la condition de réalisation des autres vertus. Sincérité, justice ou modestie, elles commencent toutes par ce seuil de la décision inaugurale…”. Cela nous manque.
Prêtant trop attention aux confréries et autres confessions religieuses, l’Etat du Sénégal, a non seulement manqué de courage, donc de cette vertu, pour la fermeture des lieux de cultes à temps, mais après l’avoir fait, n’a point eu le courage de son choix pour le maintenir ainsi jusqu’à l’obtention du résultat escompté…
Il n’aura malheureusement point le courage de résister face à la pression de certains foyers religieux qui ont vite demandé que soient rouverts ces cadres de rencontre qui mobilisent souvent du monde. Aujourd’hui les mesures barrières ne sont quasiment jamais respectées comme il se doit dans beaucoup de mosquées où l’on a repris la prière.
Le ministre Aly Ngouille n’a pourtant pas évoqué ce fait. Ces services ne lui ont-ils pas renseigné de cette évidence ? Ou a-t-il manqué de courage, victime de l’hésitation et du tâtonnement qui prévaut au sommet de l’Etat. Osons le dire, ça ne va pas ! À l’homme d’État, il incombe donc de faire preuve de courage. C’est bien le moins qu’on puisse exiger de lui.
Mais l’État ne saurait être l’assureur de tous les risques auxquels la population est exposée. Non seulement le coût en serait écrasant, mais encore est-il nécessaire que les auteurs potentiels de dommages, comme les victimes éventuelles, conservent le sens de leur responsabilité dans la prévention, la survenance et l’endiguement de cette pandémie. De même, le devoir de précaution ne doit pas conduire à l’inaction, au renoncement, voire à la lâcheté, par une appréciation craintive des risques que l’action peut engendrer.
Aujourd’hui, accuser les jeunes, en oubliant qu’on a failli dans bien des choix qui nous auraient, certainement, épargné d’en arriver à cette situation de chaos et de taux très élevé de morbidité au coronavirus, c’est encore faire preuve d’un relâchement de l’Etat à son niveau. Un relâchement qu’on veut, à tout pris maquiller par des répétitions circulaires des décisions déjà prises dans un passé récent. Ce qui nous ramène tous à notre point de départ. Le coronavirus continue sa pénétration, fait des victimes et tuent nos vieux…