Le recul de la consommation pétrolière quotidienne de 9,3 millions de barils de pétrole en 2020 est la pire crise du secteur depuis 25 ans. L’accord trouvé entre l’OPEP +, les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie afin de réduire la production de pétrole ne fait pas encore son effet et le pessimisme gagne du terrain. Pour l’heure, ce qui semblait être un bon nouveau départ ne peut trouver son efficacité que sous deux alternatives : la fin de la pandémie ou l’augmentation sur le marché des achats pour les réserves stratégiques. Analyse.
Les pays de l’alliance Opep+ menés par Riyad et Moscou se sont accordés dans la nuit de jeudi à vendredi dernier sur une réduction de leur production de 9,7 mbj pour tenter de stabiliser le marché et d’enrayer l’effondrement des cours. La conclusion de cet accord historique ne semble pas, à ce jour, influencer le marché puisque le cours du WTI a dégringolé de 15% en quasiment une semaine. La baisse de l’offre ne suffira pas – semble-t-il – à compenser la chute de la demande. Connaissant la psychologie des marchés, l’ultime espoir ne pourrait être, pense-t-on, que la fin de la pandémie. A moins qu’il y ait une augmentation sur le marché des achats pour les réserves stratégiques.
Il y a une situation que plus personne ne contrôle. Ni les producteurs de pétrole, ni les acheteurs et places financières et encore moins les gouvernement. Les décisions politico-économiques peuvent plus facilement faire dégringoler les marchés et cours qu’elles ne le font monter. La chute se poursuit malgré les vaines tentatives de contrôle de la part de l’Opep et/ou de l’Opep+.
L’effondrement de la demande mondiale de pétrole en raison de la paralysie économique planétaire est estimée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à 9,3 millions de barils par jour (mbj) en moyenne sur l’ensemble de l’année 2020.
L’idée pour freiner la chute, stabiliser et voir améliorer les cours, il faut relancer la demande et encourager même certains pays comme les Etats-Unis, l’Inde, la Chine et la Corée du Sud à augmenter leurs achats pour leurs réserves stratégiques. Une alternative qui permettra aux efforts de l’Opep amenée par l’Arabie Saoudite et de l’Opep+ menée par la Russie de porter ses fruits. Le seuil minimal pour stabiliser voir redresser la situation est de 200 millions de baril dans les trois prochains mois. Ce qui représenterait 2 millions de bpj d’offre retirés du marché. Une stratégie pour éviter la saturation de stock et le recours de la stratégie des producteurs américains aux allures de… dumping (payer des acheteurs pour décongestionner leurs sites de stockage). En effet, cette stratégie permettra d’abaisser le pic de l’excédent d’offre et en aplatissant la courbe de la constitution des stocks.
Toutefois, quoiqu’on en dise, l’accord de l’Opep+ de jeudi dernier est un bon « nouveau départ ». Il pourrait tarder mais finir par avoir un impact positif sur les cours du pétrole dans les prochaines semaines. A suivre.
Cheikh Mbacké Sène, Expert en Intelligence économique – Analyste économiquePrésident de la Commission préparatoire du Centre International d’Analyse Economique