L’accord de sortie de l’Union européenne que Londres a négocié avec Bruxelles a franchi mercredi la dernière étape du processus parlementaire en Grande-Bretagne. Le projet de loi entrera donc en vigueur lorsque la reine Elizabeth l’aura promulgué, ce qui pourrait être fait ce jeudi.
Après plus de trois ans de débats acrimonieux, le parlement britannique a définitivement adopté mercredi l’accord de Brexit, dégageant la voie à la sortie historique du Royaume-Uni de l’Union européenne fin janvier.
Le texte, qui règle les modalités du divorce, négocié par le Premier ministre conservateur Boris Johnson avec Bruxelles, doit encore être promulgué par la reine Elizabeth II, possiblement dès jeudi, pour avoir force de loi.
«?Parfois, nous avions l’impression que nous ne franchirions jamais la ligne d’arrivée du Brexit, mais nous l’avons fait?», s’est réjoui le dirigeant dans un communiqué. «?Nous pouvons maintenant oublier les rancœurs et les divisions de ces trois dernières années et nous concentrer sur la mise en œuvre d’un avenir radieux et palpitant?», a-t-il ajouté.
La Chambre des communes, où Boris Johnson dispose d’une majorité écrasante depuis les législatives de décembre, avait déjà donné son feu vert début janvier au projet de loi sur le retrait du Royaume-Uni de l’UE, prévu le 31 janvier à 23?h (heure de Londres et GMT).
Le texte avait ensuite été transmis à la Chambre des Lords, non élue, qui a adopté cinq amendements au texte, infligeant autant de revers au gouvernement, concernant notamment les droits des citoyens européens résidant au Royaume-Uni ou les enfants réfugiés non accompagnés.
Mais ces modifications ont été désavouées par les députés lorsque le projet de loi est revenu devant la Chambre des communes mercredi, et la chambre haute s’est inclinée quand le texte lui a été soumis une seconde fois dans l’après-midi.
Victoire pour Boris Johnson
Après son adoption définitive au Royaume-Uni, l’accord de Brexit devra être ratifié par le Parlement européen, le 29 janvier. Après quoi le Royaume-Uni deviendra le premier État membre à quitter le club européen, mettant fin à 47 ans d’un mariage houleux après trois reports et plus de trois ans et demi de psychodrame.
Le feu vert du Parlement à l’accord de divorce marque une grande victoire pour Boris Johnson, arrivé au pouvoir en juillet 2019 en promettant de réaliser le Brexit, voté par 52?% des Britanniques lors du référendum de juin 2016.
Le Parlement avait jusqu’ici rejeté l’accord négocié par l’ex-Première ministre Theresa May sans proposer d’autre scénario, faisant craindre jusqu’à récemment une sortie brutale ou un renoncement. La large victoire des conservateurs aux élections a changé la donne.
L’accord de Brexit règle les modalités du divorce en garantissant notamment les droits des citoyens et en résolvant le casse-tête de la frontière irlandaise.
Surtout, il vise à garantir une rupture en douceur en prévoyant une période de transition courant jusqu’à la fin 2020, durant laquelle le Royaume-Uni et l’UE négocieront leur relation future, notamment en matière commerciale.
«?Absolument confiant?»
Ces négociations s’annoncent d’ores et déjà complexes. Londres souhaite aboutir en un temps record, avant la fin de l’année, et exclut toute prolongation de la période transitoire, durant laquelle les Britanniques continueront d’appliquer les règles européennes et d’en bénéficier – sans siéger dans les institutions européennes ni avoir leur mot à dire sur les décisions. Un calendrier jugé très serré à Bruxelles.
Boris Johnson devrait détailler sa vision du futur accord commercial dans un discours début février, selon une source gouvernementale. Il avait déjà indiqué auparavant vouloir un accord de libre-échange de type canadien sans alignement.
Il est dans l «?intérêt?» des deux parties «?d’avoir un accord de libre-échange fantastique, sans droits douaniers, sans quotas?», a-t-il dit en répondant mercredi à des questions du public sur Facebook. «?Je suis absolument confiant que nous pouvons le faire.?»