Dakarmidi- Le FRAPP suit avec beaucoup d’intérêt le débat anti-démocratique, car excluant les peuples, entre les dirigeants des pays de la CEDEAO sur la question de la monnaie unique dénommée Eco.
La question monétaire est d’autant plus importante pour le FRAPP que nous pensons qu’il ne peut y avoir de développement tant que nos pays abandonneront leur souveraineté budgétaire au FMI et à la Banque mondiale et leur souveraineté monétaire à la France. Rappelons également que le FRAPP a lancé en novembre 2017 la campagne « Pour la souveraineté monétaire, FRANCE DEGAGE ! » pour mettre fin à l’occupation monétaire de nos pays par la France par 1) la restitution des réserves de change des pays africains détenues par la France, 2) la sortie de la France des conseils d’administration de nos banques centrales, 3) la fabrication de nos signes monétaires en Afrique et non en France.
Le FRAPP note que depuis que l’Eco a été annoncé, les pays CFA n’ont toujours pas présenté un plan de divorce d’avec le trésor français. Or, sans ce Plan de divorce, l’Eco n’est que du vent. De plus, le président Ouattara a dit récemment : « Si l’Eco devait venir à exécution ou à adoption en 2020, il n’y aura pas de changement de parité entre le FCFA, devenu Eco, et l’Euro. Aujourd’hui, le taux de change de l’Euro par rapport au Franc CFA est de 655,9, et bien sûr, si les chefs d’État décidaient l’année prochaine de changer le FCFA en Eco, parce que nous avons respecté tous les critères de convergence, ce taux ne changerait pas dans l’immédiat« . Cela veut dire qu’en réalité l’Eco est un élargissement du franc CFA, une photocopie de l’euro. L’Eco est un écho de l’euro.
Pour le FRAPP, l’Eco est un Euro en pire car si les peuples européens ont été consultés par référendums pour adhérer à l’union européenne et à l’euro, depuis 70 ans aucun peuple africain n’a été consulté pour la création, le maintien et la sortie du CFA. Il est temps que le débat sur la monnaie qui est une question politique soit celui des peuples.
Contrairement à la contrevérité distillée par le président Ouattara, le comité ministériel de la CEDEAO de juin 2019 dans son dernier rapport a dit qu’aucun pays n’avait rempli en 2018 les critères requis pour faire partie de la zone monétaire éco. Pour le FRAPP c’est là aussi une critique cinglante supplémentaire du CFA et une raison de plus de se débarrasser du CFA car cela signifie que même les pays de l’UEMOA ne remplissent pas les critères pour être membres de l’UEMOA.
Pour le FRAPP, les anti-impérialistes panafricains devraient avoir en mémoire l’avertissement de Cheikh Anta Diop : « L’organisation rationnelle des économies africaines ne peut précéder l’organisation politique de l’Afrique. »
C’est pourquoi, le FRAPP milite pour un gouvernement fédéral ouest-africain avec donc un fédéralisme budgétaire, une politique commune sur les plans économique, social et de l’emploi comme préalable à la monnaie unique de la CEDEAO. En attendant, le FRAPP continue à se battre pour la réalisation du FRANCE DEGAGE ou Plan de divorce de nos pays avec la France sur le plan monétaire. Le FRAPP dénonce énergiquement l’exclusion des peuples du débat et de la prise de décision monétaire. C’est pourquoi, le FRAPP propose l’organisation dans les différents pays occupés monétairement par la France de débats nationaux et de référendums sur le maintien ou non du CFA.