Dakarmidi- Nous ne ménagerons aucun effort pour dénoncer les dérives du Président politicien. Macky Sall n’a jamais eu l’intention de mettre le Sénégal sur les bons rails. Pendant la campagne électorale, la dépolitisation des postes de Directeur de sociétés nationales avait suscité un vif intérêt chez les électeurs.
Le candidat Ousmane Sonko dans son programme sur le point 8 Administrer d’ordre et pour le compte du peuple, avait proposé:
• »Nous mettrons en place le mécanisme de l’appel à candidature permettant une présélection sur dossier par un comité ad hoc
spécialisé et sur des critères combinés
d’ancienneté, de compétence et de probité ;
• Nous consacrerons l’incompatibilité de l’exercice des responsabilités techniques de Directeurs, Directeurs généraux et secrétaires généraux de structures publiques et parapubliques avec toute implication dans la vie politique. »
Le candidat Idrissa Seck, sur la question des DG de sociétés nationales, avait proposé:
• « La nomination des Directeurs généraux de certaines agences et sociétés nationales par appel à Candidature.
• L’établissement d’un système d’incompatibilité pour empêcher l’implication partisane des hauts fonctionnaires dans la vie politique. »
Ces deux propositions des deux candidats pour la magistrature suprême avaient un consensus national. Pour lutter contre les mauvaises pratiques de gestion et avoir une administration d’ordre et efficace, il faudrait nécessairement choisir le meilleur profil pour occuper ces postes. Et pour cela, l’appel à candidature me paraît être la solution la plus adéquate. Concernant le président Macky Sall, il n’est pas nécessaire de faire un tour dans son programme de campagne «ligueyeul euleuk», nous allons commenter directement les premières mesures prises dans ce sens.
En parcourant le communiqué du conseil des ministres du 24 Avril 2019, on se rend compte que le Président de la République n’a pas encore rompu avec ses vieilles habitudes. Au Sénégal, on ne nomme jamais un Directeur Général sur la base de ses compétences, de sa probité mais de par son niveau d’implication dans la bataille politique au niveau local et/ou national. Ainsi, pour le COUD, un poste important dans le quotidien des étudiants mais éternellement politique, le sieur Abdoulaye Sow est nommé. Une personne qui n’a montré aucune compétence ailleurs et qui prend ce poste juteux comme une récompense politique. Modou Diagne Fada qui fait parti de la vague des transhumants est bombardé à la Sonacos parce qu’il a simplement contribué à la victoire de la majorité présidentielle à Darou Mousty. Ciré Dia Champion du recasement de la clientèle politique qui, selon plusieurs rapports d’audit, a totalement mis à terre la société nationale « LA POSTE » écope d’une sanction avec sa nomination PCA de LONASE. Pape Gorgui Ndong, l’ancien pire ministre de la Jeunesse et de la construction citoyenne est pressenti comme Directeur Général dans ladite société. Le duo Pape Gorgui Ndong et Ciré Dia à la LONASE sera sans doute scandaleux pour le futur de la société! Pape Demba Biteye, le néo DG de la SENELEC, a certes le profil, mais il a été récompensé pour son implication politique à Kaolack. Il animait le mouvement Kaolack pour la réélection de Macky Sall. Mame Boye Diao remplace Mamour Diallo à la Direction des Domaines. Certes, Mame Boye Diao est inspecteur des impôts, ancien directeur des services fiscaux, mais ce poste est une forme de récompense politique pour lui qui défendait le sois disant bilan économique du président pendant 7 ans. Après l’annonce du premier gouvernement Macky II, il a montré sa frustration donc il fallait trouver rapidement un poste juteux pour le calmer.
Napoléon disait que l’on gouverne avec ses hommes mais le président de la république qui nous a promis un Fast Tract pour solutionner les problèmes des sénégalais pouvait réduire la politisation à la tête des sociétés nationales. L’administration est la cheville de l’Etat. Il est important de prendre les meilleurs sénégalais pour les mettre à la tête des sociétés nationales. La priorité de ces nouveaux DG ne sera pas de redresser leurs boîtes respectives mais certainement d’entretenir une clientèle politique issue de leur base afin de gagner les prochaines élections locales pour pouvoir garder leurs postes. Le Président de la République est le dépositaire des suffrages des sénégalais, mais les urgences du Pays doivent l’obliger à travailler avec les meilleurs sénégalais dans chaque domaine en compétence et en vertu.
Ce pays regorge de ressources humaines de qualité, de hauts fonctionnaires intègres. Il est temps de rompre avec ce cercle des évidences établies. La politisation tendancielle de la haute fonction publique n’est donc qu’une manifestation parmi d’autres de la crise générale qui a atteint le service public sénégalais.
Avec ses premiers actes de Macky II, Fast Tract ou pas, on se rend compte que le président ne change pas de cap, il continue dans son mackyage, il accélère même !!!
Moustapha Dieng, Juriste en droit des énergies