Dakarmidi- Sous la dictée du pouvoir exécutif, le Conseil constitutionnel a mis en œuvre la loi inique et monstrueuse du parrainage. La légitimité d’une Loi se fonde sur trois critères entrelacés: le critère Ethique qui fonde la Motivation de la Loi; le critère Politique qui sous-tend l’Opportunité de la Loi et le critère Technique qui détermine sa Modalité d’application. La Loi sur le parrainage ne respecte que le premier. C’est pourquoi elle a enfanté un monstre.
Mais qu’à cela ne tienne. En dépit des manœuvres du pouvoir et son Conseil constitutionnel pour caler, recaler, couper et même « décaler » les candidats, quatre lui feront face le 24 février prochain. L’élection aura bien lieu. L’opposition peut bien poursuivre ses manifestations, dans les limites fixées par la Loi, pour revendiquer ses droits. Mais nul ne devrait chercher à empêcher la tenue de l’élection ou à créer un climat insurrectionnel dans le pays. Le peuple ne suivrait. Car on ne peut pas remporter en 2019, une bataille qu’on n’a pas voulu livrer en 2017 et 2018. C’est trop tard.
Le seul combat qui vaille, c’est d’une part celui de la mobilisation et la mutualisation des ressources autour des candidats de l’opposition en lice. Et d’autre part celui de la sécurisation du processus d’amont en aval: (1) vérifier les listes et s’assurer de la conformité entre les données sur les cartes d’électeurs et celles sur le fichier, (2) encourager et aider les électeurs, surtout les primo-votants, en communiquant massivement par tous les moyens, pour qu’ils aillent chercher les cartes retenues; (3) mener des observations et enquêtes sur le terrain, partout dans le pays, pour identifier tous les centres de vote officiels ou « officieux » et documenter toutes les fraudes et cas de manipulation.
Sur les quatre candidats de l’opposition, trois ont un réel ancrage dans l’opposition et peuvent, s’ils prennent les bonnes décisions, sortir victorieux de la prochaine élection et mettre un terme à 7 ans recul démocratique, de prédation, de corruption et de gaspillage: il s’agit d’Idrissa Seck, Ousmane Sonko et Elhadji Issa Sall .
Bien avant les résultats du parrainage, j’avais lancé un appel pour la constitution de pôles de candidatures forts autour de quelques candidats. Nous tenons aujourd’hui ces Pôles. Il y aura deux Pôle-Piliers qui peuvent chacun passer le premier tour et un Pôle d’équilibre qui peut les faire gagner au second tour.
Les Pôle-Piliers sont Idrissa Seck et Ousmane Sonko. Ils donnent de la lisibilité au jeu.
Idrissa Seck doit agréger autour de lui tous les Partis, mouvements politiques et citoyens animés du même esprit, anciens membres de Taxawu Sénégal et tous ceux qui se sentent plus ou moins à l’aise et en cohérence dans sa coalition. Dans le contexte actuel, la force de cette coalition serait celle de son Leader: stabilité, autorité, vision et expérience. Il aura de bonnes chances d’aller au second tour.
Le second Pole-Pilier sera celui autour d’Ousmane Sonko. Il devrait réunir tous les Partis, mouvements et formations se classant dans la catégorie des « nouveaux acteurs politiques », des acteurs plus anciens en rupture avec le « système » ou prônant un changement de système. Cette coalition serait forte et innovante. Sa force se trouve dans la capacité de son Leader à produire et porter de nouvelles idées, à rafraîchir le jeu démocratique et à « récupérer des milliers, voire des millions, de sénégalais, de l’intérieur et de la diaspora, qui se découvrent une citoyenneté et un patriotisme nouveaux, et souhaitent s’engager. Ses propositions sont aussi claires et documentés. Il aura aussi de réelles chances d’aller au second tour.
Le Pole d’équilibre est celui du PUR. Le Professeur Issa Sall aura son électorat naturel. Il ira aussi en chercher chez de nombreux sénégalais qui verront en lui un leader stable et mesuré. Au second tour, il serait un tremplin inestimable pouvant faire basculer la balance du coté du candidat de l’opposition.
Le moment est donc venu, pour chaque leader du C25, chaque leader de parti, mouvement ou plateforme politique de se mettre dans l’un de ces trois groupes qui sont tous valables.
Il ne suffira pas cependant d’en être un simple membre. Si les candidats du C25 qui avaient l’ambition de briguer les suffrages sont sincères sur leur volonté de changement, ils devraient s’investir humainement et financièrement dans la campagne. Le budget et les moyens qu’ils avaient prévu pour leur campagne devrait être versé dans le coalition qu’ils auront choisi.
Il ne faut jamais oublier que la grande majorité silencieuse souhaite s’exprimer le 24 février prochain. Il faut leur en donnant la force, l’énergie et l’envie en montrant un réel engagement et une générosité totale. Seul le changement compte. Dans les démocraties en construction, l’alternance est l’une des meilleures vertus. Elle facilite la sélection des semences jusqu’à ce que l’on tombe sur la bonne graine. Celle qui permet de cultiver l’Avenir.
Par Cheikh Tidiane Dièye