Dakarmidi – Le Sénégal a une longue tradition préélectorale marquée par l’apparition, à la veille de presque chaque élection d’un phénomène médiatique ou médiatisé revendiquant le statut de principal challenger du régime en place.
Dans peu de cas cependant, ces challengers ont réussi à renverser les tendances pour finalement s’imposer dès le premier essai.
Senghor sortira victorieux de son combat politique contre Lamine Gueye, un Lamine Gueye vieillissant handicapé par l’usure du pouvoir et dépassé par l’évolution socio politique du Sénégal, dans un contexte de changement marqué par l’extension du droit de vote aux citoyens lambda, que Senghor réussira à rallier à sa cause.
À l’issue du congrès sans débat du PS qui consacrera l’intronisation unilatérale de Tanor, Djibo Ka démissionnera et créera dans la foulée l’URD. Soutenu par un Talla Sylla volontaire et généreux, il frappera le premier coup décisif contre Abdou Diouf en obtenant huit députés à l’Assemblée nationale, avant que Moustapha Niasse et son choix de l’espoir ne porte l’estocade en 2000, en quittant à son tour l’épave socialiste en perdition.
Abdoulaye Wade ramassera la mise avec le soutien de la gauche réunifiée et l’apport déterminant d’un Niasse en position de faiseur de roi qui en sera récompensé d’un poste d’éphémère premier ministre.
En 2007 la star médiatique s’appellera Idrissa Seck. Victime du complot du siècle, trahi selon l’opinion par un Me Wade qu’il aura conduit jusqu’au pouvoir, bête de communication achevée, il drainera les foules partout sur son passage, au point de semer le doute même dans l’esprit du premier cercle de soutien de Gorgui !
Au finish, Me Wade passera haut la main au premier tour, Idrissa Seck se classant deuxième avec 15 % des voix.
Mais comme Djibo Ka, son départ sèmera les germes du déclin de Me Wade dont la coalition perdra les locales de 2009, avant qu’il ne coule en 2012…devant Macky Sall, celui-là même qui fut le directeur de sa campagne victorieuse en 2007, et qui tombera à son tour en disgrâce, dernière victime de l’ogre Me Wade, décidément dévoreur de ses fils d’emprunt ou d’adoption, pour les beaux yeux de son fils légitime Karim Wade.
Tout changement politique mageur survenu au Sénégal, marqué notamment par une alternance a eu lieu en deux temps : un affaiblissement remarquable à l’Assemblée nationale ou une perte de majorité aux locales marqués par l’affirmation de leaders la plupart du temps auréolés de la gloire de héros victimes d’injustice, ce qui explique le ralliement massif de l’opinion publique à leur cause, et la chute du régime chancelant en place, dès la présidentielle suivante.
Notons que dans tous les cas précités, les acteurs qui ont émergé et sont parvenus au sommet du pouvoir sont des hommes politiques à l’expérience éprouvée, à la tête de véritables coalitions structurées et disposant de moyens à la hauteur de leurs ambitions.
À quelques mois de l’élection présidentielle, j’ai beau scruter l’ouest, je ne vois rien de nouveau qui laisse présager un quelconque changement…
J’entends juste, de l’autre côté de l’Atlantique parler d’une promesse de sortie du F CFA du Sénégal, et d’une souveraineté « nationale » africaine !
Cissé kane Ndao
La rédaction