Un Vote inutile et dangereux, pour n’avoir pas fait l’objet d’un consensus, mais riche d’enseignements et de contradictions, et inscrit dans l’Histoire du Sénégal, pour la validation d’un autre type de Parrainage citoyen.
Le principe même du Parrainage excite déjà dans la Constitution du pays, pour limiter les Candidatures individuelles farfelues et fantaisistes, et ramener à des proportions raisonnables, les dépenses de l’Etat dans les élections, au regard de la confection du matériel de vote et de l’impression des bulletins.
La Majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale, en raison du grand nombre de ses Députés a administré des Gifles Politiques que voici, à l’Opposition, dans l’humiliation et la force numérique imposée, ce jeudi 19 avril 2018 pour le Vote d’un Parrainage de type nouveau.
Première gifle : le Parrainage des Candidats indépendants, étendu aux Partis politiques et Mouvements assimilés
Ce Parrainage a été étendu aux Partis Politiques et Mouvements légalement constitués et consacrés dans la Constitution par souci d’équité et d’égalité « un Sénégal pour tous, un Parrainage pour tous », dit-on. Mais, candidats individuels et Chefs de Partis politiques ne boxent pas dans la même catégorie.
Quand les premiers, opportunistes, conjoncturels et circonstanciels, prétendent briguer les suffrages des sénégalais pour la Présidence de la République, les seconds, au moment de la création de leurs organisations politiques, avaient déjà cette vocation, et étaient soumis à une certaine réglementation codifiée.
Ils n’ont donc pas les mêmes responsabilités et le même statut et la règle de l’équité ou de l’égalité ne peut pas et ne doit pas être appliquée à ces derniers.
2ème Gifle : la sourde oreille faite aux Médiateurs
Ce Vote à problèmes, injuste et précipité, leur a été imposé, malgré les interventions de l’Eglise en la personne du Cardinal Monseigneur Benjamin NDIAYE, du Président des Associations Islamiques du Sénégal, l’Imam DAME NDIAYE parlant au nom des Foyers Religieux et la Société Civile dirigée par Alioune Tine et qui ont demandé tous, de surseoir, provisoirement au Vote, pour trouver un accord négocié. Malgré tout, la Majorité mécanique s’est prononcée en faveur du Vote, refusant ainsi la médiation des régulateurs sociaux, qui ont prêché dans le désert. Ils n’ont pas été écoutés et, on leur a manqué d’égards, dus à leurs rangs.
3ème Gifle : le Vote sans Débat
Et le Vote a eu lieu sans débat, sur proposition d’un des leurs, l’Honorable Député Moustapha Cisse Lo, pour la seule et unique raison de la pléthore des Députes inscrits (119) pour prendre la parole. Pour une loi aussi décriée et controversée, l’adopter en esquivant des débats contradictoires, sur le fond, est la manifestation patente d’un mépris nourri à l’égard d’un adversaire politique, ou d’un objectif inavouable, en lieu et place d’une démarche intellectuelle, rationnelle et mature.
4ème Gifle : la complicité de l’Assemblée Nationale
En considérant le nombre impressionnant des Députés inscrits pour la prise de parole, et craignant de ne pas rester dans le temps imparti dans le règlement intérieur de l’Assemblée, on aurait pu :
soit travailler dans le temps réglementé et reporter les Débats au lendemain,
soit désigner des Députés de la Majorité pour s’opposer au prorata de ceux de l’Opposition et des indépendants pour avoir le même nombre égal d’intervenants. Le principe d’équité et d’égalité si bruyamment défendu a été ignoré et piétiné. Le Président Niass a suivi la Majorité Présidentielle.
5ème Gifle : Le Marche interdite
Au dehors, la Marche pacifique interdite a failli virer au drame. Elle a été ponctuée de bombes Lacrymogènes, de sirènes de la police, de courses-poursuites, de brutalités policières, de pneus brûlés sur la voie publique et de jets de pierres. Une vidéo de la brutalité policière, sur un citoyen, effrayé et non armé, fuyant, dévêtu, roulé à terre et roué sauvagement et impitoyablement, de coups de pieds devant Dieu et les hommes, est une honte pour ce pays de la non-violence et de paix, un affront fait à tout un peuple déconcerté, un spectacle hideux et monstrueux et dont leurs auteurs doivent être sanctionnés, sévèrement, pour leur cruauté machiavélique et leurs excès de zèle, impardonnables. Plus jamais ça. Une interdiction que rien ne justifie, puisque la marche est un droit consacré par la Constitution.
Des manifestants asphyxiés par la fumée des bombes Lacrymogènes ont été transportés à l’Hôpital Abass Ndao le plus proche et des Leaders politiques, comme Idrissa Seck et Thierno Bocoum et des membres du Mouvement y’en a marre, dit-on, embarqués dans des fourgonnettes de la Police comme de vulgaires malpropres.
LA RIPOSTE
La gifle, au sens propre comme au figuré, traité ici, appelle à une riposte ; on est en politique et non au temps du Christ.
Le Boycott du Vote de la Loi
Le boycott du Vote de la Loi sur le Parrainage par l’Opposition, est significatif pour marquer son désaccord et ne donner aucun crédit à cette Loi rejetée par le peuple à en juger par les images des vidéos et des micros-trottoirs. Celle-ci ne cautionne pas cette Loi taillée sur mesure et anti-démocratique, dit-elle, pour avoir ignoré le dialogue consensuel, proposé par les médiateurs et le Vote sans débat.
Le Refus de participer à la mise en œuvre des modalités pratiques du parrainage
Si l’Opposition reste dans sa logique, elle n’acceptera pas, très certainement, la main tendue du Président Sall, les invitant à s’asseoir autour d’une table pour discuter des Modalités pratiques du parrainage citoyen pour le Code Electoral qui devra nécessairement subir des changements dans certains de ses articles. Mais, boycotter une Loi sans débat contradictoire et accepter ensuite de participer à la mise en œuvre de ses applications pratiques, me semble anachronique, et même absurde, à la limite. Nous pensons que l’Opposition poussera la Majorité Présidentielle à aller jusqu’au bout de sa logique, à elle, en terminant le travail qu’elle a commencé, pour en porter l’entière responsabilité devant l’Histoire. Une Opposition qui de la grandeur et de la hauteur, refusera de servir, de faire-valoir, quel qu’en soit le prix.
Les Conséquences :
L’image de la Vidéo des Manifestations fera le tour du Monde et restera à jamais gravée, dans la mémoire de tous les sénégalais et Etrangers qui l’auront visionnée. Il est évident qu’elle ne plaide pas en faveur de la Hiérarchie policière et encore moins, en faveur du Président Macky.
La Démocratie Sénégalaise tant vantée et enviée, peut y prendre un sacré coup pour sa réputation, dans un recul démocratique regrettable, avec de tels types de comportements indésirables et condamnables.
En conclusion, la politique politicienne ne devrait pas prendre le pas sur les Valeurs, celles de la Grandeur, du Juste, de la Noblesse et la Crainte d’Allah, dans ce que nous faisons et disons. Qui que vous soyez, oubliez Dieu et un jour viendra où Il vous oubliera. C’est une certitude. (Un Hadith ou le Coran)La seule alternative de l’Opposition reste de se tourner vers les populations électives pour essayer de les convaincre et de bénéficier de leurs suffrages lors de la présidentielle de 2019. En bonne analyste politique, elle n’a plus rien à attendre de ce Régime qui l’a matée et qui est dans son rôle, en élargissant le Parrainage des candidats indépendants à leurs partis politiques et mouvements autorisés, s’opposant du même coup, à la mise en place du Bulletin unique qui, pourtant, participe de l’assainissement, de la simplification et de la transparence d’un vote, plus que le Parrainage de ces candidats indépendants. Ces deux entités, plus complémentaires qu’antagonistes, concourent, chacune de son côté, au mode opératoire de sélection des candidats, au vote de la présidentielle de 2019.
Mamadou Moustapha Thiam (Inspecteur adjoint de
l’Enseignement à la Retraite à Kaolack)
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