Dakarmidi – Cette semaine pascale fut pleine d’enseignements. Principalement, la date du vendredi 30 avril qui correspond au -Vendredi Saint- qui est l’aboutissement du chemin de croix du Christ, la suite de la 5ème station, dont le point culminant fut le délibéré du jugement de Ponce Pilate. Ce dernier, s’adressant aux accusateurs de Jésus Christ (les religieux de la communauté), leur dit «Vous m’avez amené cet homme en l’accusant de désordre dans la population. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire et parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation, je vais donc le châtier et le relâcher !». Mais soucieux de sécuriser sa fonction prestigieuse de Gouverneur de Judée ainsi que de ses avantages, il dut diluer la frustration des autorités officieuses et religieuses en acceptant leurs desiderata et, après un sublime subterfuge, envoya le Christ au Golgotha.
Or donc, ce même Vendredi… Saint (pour nos parents chrétiens), était le délibéré du jugement tant attendu d’un autre homme accusé (non point de désordre public) mais de détournement de fonds publics. Khalifa Sall et ses sept (7) coaccusés étaient suspendus aux lèvres du juge.
Ce dernier, avec une troublante similitude du délibéré de (2000 ans plus tôt ) pour mieux se laver les mains de cette affaire dont on ne finira pas de parler, coupa la poire en deux, avec doigté et intelligence. Il commença par innocenter l’accusé Sall des pires diatribes du procureur « accusateur public », en écartant les principaux chefs d’inculpation « détournement de deniers publics ; d’association de malfaiteurs et de blanchiment d’argent… », Mais dans le souci de ménager (l’autorité publique), il du lâcher son anathème ….5 ans de prison ferme pour escroquerie !
Cette jurisprudence de Pilate (haut fonctionnaire d’Etat), aurait-il inspiré le juge ? Très certainement, lorsque toutes les bulles d’émotion seront crevées, nous serons édifiés. Notons simplement qu’une page hachurée de notre histoire contemporaine vient d’être tournée et, qu’elle n’est pas sans conséquences. Même si, comme l’apprécient les puristes, ce jugement doit être respectée parce que dite selon l’intime conviction d’un juge préalablement crédité d’un excellent pedigree éthique.
Cependant, le contexte hautement suspicieux du landerneau judiciaire, soumet depuis quelques temps, à rude épreuve, l’autorité de la chose jugée. Ceci étant le corollaire d’un scepticisme ambiant ayant atteint un niveau jamais constaté de mémoire de notre république. Qui pourrait en effet, occulter de la volatilité de certaines décisions de justice rendues par le plus emblématique pouvoir de nos institutions ; au vue de son implication directe (partisane) dans les fronts ouverts par l’exécutif ?
Englué dans des sujets qui ont défrayé la chronique dont le plus retentissant reste certainement : la réduction du mandat du président de la République où l’avis de la communauté universitaire notamment le collectif de 45 agrégés de droit n’a pas pu dissuader les « 5 sages du conseil constitutionnel » de rendre confortable le chef de l’Etat dans la reconsidération de son engagement urbi et orbi. Et ce fut le début de l’hallali !
Que dire de la dernière déconfiture relative au traitement du cas de Karim Wade. Après les avis de la Banque mondiale et le groupe de travail de l’QNU, la justice française après être saisie par l’Etat du Sénégal, rejette une à une, les accusations de la CREI à l’endroit de ce dernier qui a tous les droit de se victimiser et de jubiler. Plus fraichement, la banderille du jeune et charismatique magistrat Dème : « Je démissionne de cette institution qui a démissionné… » en constitue l’apogée.
Des péripéties qui certainement, ont fait retourner dans leurs tombes les éminents et augustes précurseurs de ce 3eme pouvoir de notre république à qui ils donnèrent ses lettres de noblesse.
Il y aurait longtemps que les Hérauts occidentaux de la démocratie auraient activés leurs trompettes de Jéricho (ONG et influents droits de l’hommiste) pour dénoncer et infléchir une situation impropre à un pays qui fut la vitrine de la démocratie en Afrique et qui s’asseyait du présidium des nations ‘’démocratiquement correct’’.
Seule à notre avis, la nouvelle palette d’offres attractives et stratégiques de L’Etat du Sénégal (Pétrole, gaz…zircon etc.) peut justifier cette complaisante « non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays plus qu’ami ».
Mais, ont-ils seulement des amis ? La Tunisie a eu son printemps arabe et Khadiffi a été pulvérisé aux prémices des légers souffles du changement… Tout cela, «L’ami Blaise Compaoré» peut en témoigner. Une lapalissade que de le rappeler : «les Etats n’ont pas d’amis mais plutôt des intérêts» Charles De Gaulle.
Moustapha DIOP