Dakarmidi – Le Sénégal est un pays où l’agriculture occupe une place importante car pratiquée par 70% de sa population. Depuis quelques décennies il est rare de terminer une bonne campagne agricole sans qu’un problème de commercialisation ne soit posé et fait l’objet de toutes sortes d’accusation. Les producteurs, les organisations paysannes et même les politiques accusent généralement les pouvoirs publics de ne pas faciliter l’écoulement des productions d’arachide, d’oignons ou même de pommes de terre. Et pourtant à la veille de chaque campagne agricole une manne financière très importante est mobilisée par L’Etat pour subventionner les intrants agricoles (engrais 50%, semences 60%, produits phytosanitaires 100%) et le matériel agricole (houes occidentales, semoirs mono rang, houe Sine Gréco, Charrues UCF à 70%, tracteur et accessoires à 60%….). Un dispositif d’encadrement assuré par les agents du Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement Rural (DRDR, SDDR, ANCAR, DHORT, DPV), les ONG, les projets et programme, l’administration territoriale (gouvernance, préfecture, sous préfecture, gendarmerie, douane, BMS, etc.) se mobilisent durant toute la période de la campagne pour la mise en place des intrants agricoles, la prospection phytosanitaire, le suivi du déroulement de la campagne etc. Donc quoi qu’on puisse dire un effort considérable est fait chaque année par les pouvoirs publics pour que ce brave sénégalais qui a opté à participer à ceux qui nourrit son peuple puisse récolter son arachide, sa pomme de terre ou son oignon. Maintenant il reste que ce brave producteur soit récompensé par le peuple pour qui il a bravé durant toute une saison la chaleur, la pluie, les vents, les serpents, les scorpions etc. pour sortir de terre avec l’aide d’Allah une nourriture destinée à la consommation humaine et animale.
Ce peuple composé de 14 millions d’individus doit être le premier client sur qui le producteur sénégalais doit compter pour écouler sa production. Si nous prenons le cas de l’arachide, il suffit que le peuple dans sa nourriture quotidienne priorise notre production locale. De nos jours des dizaines de plats très variés et très riches peuvent être préparés à partir de l’arachide. On peut en citer entre autres le « mafe », le « deukhine », le « mbakhalou saloum », le « ngalakh », le « lakhou neutari », le « lakhou bissap », le « Thierre neukheul », le « Thierre mboume » etc. Avec l’avènement des industries agro-alimentaires des multitudes de produits peuvent être fabriqués à partir de l’arachide : beurre d’arachide, pâte d’arachide, gâteaux d’arachide, lait d’arachide, confiture d’arachide, « guerte soukar », « guerte thiaaf », farine d’arachide etc. Tous ces plats et produits consommés régulièrement par les 14 millions de sénégalais constitueraient un véritable marché pour les agriculteurs de notre pays. Malheureusement les sénégalais dans leur majorité ont hypothéqué leur ventre. Il suffit d’entrer dans un select, supermarché ou boutique pour se rendre compte que les quasis totalité des produits agro-alimentaires exposés proviennent de l’étranger. Pire encore, il suffit de passer par Pout qui fut jadis la capitale de la production d’agrumes pour constater que les producteurs d’agrumes du Maroc ont pris la place de celui du Sénégal avec la complicité du peuple (qui préfère la « clémentine » (variété de mandarine venant du Maroc) au détriment de la « coumbatine » (la mandarine sénégalaise) ) et des vendeuses qui suivent la loi du marché.
Et pourtant notre mangue très prisée par le peuple marocain n’a pas cette même opportunité d’accès au marché marocain comme l’a la clémentine dans tout le territoire sénégalais. Le peuple sénégalais doit revoir ses rapports avec ses producteurs agricoles. L’agriculteur sénégalais doit compter aux bouches de ses enfants. Si l’agriculteur sénégalais produit et que le peuple sénégalais consomme étranger on peut dire sans se tromper que ce problème de commercialisation perdurera. Certains me diront « nous voulons de la qualité » je leur répondrai oui mais consommons ce que produisent nos braves paysans afin de leur permettre d’augmenter leur revenu et d’investir dans le secteur pour améliorer leurs conditions de production voire la qualité de leur produit. Partout où vivent les sénégalais, de la table présidentielle à la natte de la case de baye cheikh nos produits agricoles doivent non seulement inonder nos assiettes et nos calebasses mais doivent être notre fierté culinaire. Nos braves femmes à l’image des japonaises doivent mobiliser toute leur ingéniosité pour inventer des plats aussi variés et diversifiés que possible afin de renverser la tendance gastronomique des sénégalais qui, depuis quelques décennies « s’europianise » avec un complexe qui ne dit pas son nom. En plus DIEU sait très bien ce qu’IL fait pour mettre en harmonie l’homme et son environnement. ALLAH lui a fait germer autour de lui des plantes aussi diverses, lui servant de nourriture et de médicament. « Consommer local, c’est acheter des produits qui viennent de notre région, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas importés d’autres régions ou d’autres pays. Non seulement c’est bon pour la santé, mais cela favorise aussi le commerce local, protège l’agriculture et les agriculteurs de notre région qui se développent et embauchent. » Veronica Dapcich Troglia – nutritionniste
Modou Fatma MBOW
Ingénieur
Kébémer