Dakarmidi – Benyamin Netanyahou, Premier ministre d’Etat hébreux, affirmait, le mardi 20 mars 2018, lors d’une conférence consacrée au développement du sud de son pays, que les migrants africains étaient plus dangereux que la menace jihadiste. Défendant la barrière électronique établie le long de la frontière avec l’Égypte, il assure que sans cette installation, les Israéliens seraient « confrontés à de graves attaques de terroristes du Sinaï, et pire, à une arrivée massive de migrants africains illégaux ».
En effet, les déplacements de populations inquiètent davantage les dirigeants que les mouvements de plaques tectoniques. Avec les projections démographiques venues des contrées africaines, la préoccupation de certains se mue en psychose. En janvier déjà, des autorités israéliennes, peu soucieuses de « politiquement correct », lançaient un ultimatum à 38 000 Érythréens et Soudanais en situation irrégulière. Les migrants qui n’auront pas quitté le pays d’ici la fin mars, avec un billet d’avion offert et agrémenté de près de 3 000 euros, pourraient s’exposer à un emprisonnement à durée indéterminée.
Cependant, si les propos du Premier ministre ont suscité une vague d’indignation, ils n’ont guère surpris. Ce n’est pas la première fois que ce responsable confie sa crainte des flux arabes et africains. Une appréhension qui a moins à voir avec la sécurité menacée par les jihadistes qu’avec les questions identitaires. « Nous parlons d’un État juif et démocratique, mais comment assurer qu’il reste juif avec 50 000 ou 100 000 migrants par an? », s’interrogeait Netanyahou, évoquant le risque de « fermer la baraque », le jour où la somme des migrants atteindrait « un million, un million et demi ».
Selon le ministère de l’Intérieur, ce sont aujourd’hui 42 000 migrants africains qui vivent dans cette république de presque 9 millions de citoyens. La majorité des clandestins mis à l’index s’est effectivement infiltrée par la frontière poreuse avec le Sinaï égyptien et ceci essentiellement depuis 2007. Des centres de rétention temporaires ont été ouverts dans le sud. La barrière électronique chère à Netanyahou s’étend, depuis 2014, sur 242 kilomètres, de la zone de la bande de Gaza à la ville d’Eilat.
La rédaction