Dakarmidi – De prime abord il convient de signaler que cette réflexion est née de la nécessité, devenue à la fois pressante et obsédante, de rétablir quelques vérités sur un sujet dont la connaissance fait cruellement défaut au plus grand nombre. En effet, cette démarche est perçue comme une nécessité impérieuse au regard des conséquences pour le moins pernicieuses qu’induisent les relations entre la France et ses anciennes colonies, au travers de la Franc-maçonnerie et la Françafrique. Celles-ci étant, au demeurant, perçues comme un périlleux et redoutable héritage de la barbarie coloniale, quand elles ne sont qu’un véritable succédané du colonialisme.
La Franc-maçonnerie constitue un maillon puissant de la Françafrique (véritable nébuleuse des rapports incestueux entre la France et ses anciennes colonies). L’influence de la Franc-maçonnerie en Afrique est considérable, non seulement dans la sphère politique et affairiste, mais également dans le domaine humanitaire. Voilà ce qu’en disent Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre dans leur livre intitulé Les frères invisibles : “La maçonnerie est devenue un instrument de puissance pour les dirigeants africains…Mieux encore que la tribu, elle permet de quadriller un territoire. A défaut de légitimité, la maçonnerie apporte un semblant de cohésion aux hiérarchies parallèles. Surtout elle maintient le lien avec l’ancienne puissance coloniale. Et c’est pourquoi elle doit être cachée.” On est davantage édifié par l’ex premier ministre Jean-Pierre Raffarin, quand il avouait : “Jamais je n’aurais pensé que les francs-maçons étaient aussi puissants.” Ceci est d’autant plus vrai que la Franc-maçonnerie constitue quasiment un Etat dans l’État.
Quant à la Françafrique, François-Xavier Verschave, journaliste économique, désigne par ce terme les réseaux souterrains qui unissent la France à l’Afrique. Dans son livre intitulé La Françafrique, le plus long scandale de la République, il définit la Françafrique comme “une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’aide publique au développement. La logique de cette ponction est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système autodégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie.”
La Françafrique désigne donc une politique de clientélisme entre les élites politiques et économiques afin de tirer bénéfice du partenariat Françafrique. Corruption, marchandage, soutien de coups d’État, aide à la fraude électorale ou tripatouillage des élections contre l’exploitation de matières premières sont les caractéristiques de la Françafrique. Il est de notoriété publique que de nombreux dictateurs africains sont soutenus et protégés par la France. Des accords secrets, des soutiens militaires directs ou indirects, des financements occultes sont négociés entre la France et des dictateurs. L’objectif pour la France est politique et économique : maintenir une sphère d’influence importante en Afrique (déterminant par exemple pour les votes à l’ONU) et piller les matières premières. A ce système se sont greffés des réseaux de corruption qui permettent à certains dirigeants politiques ainsi que des dirigeants d’entreprises de s’enrichir. Mais les dérives mafieuses de la Françafrique sont d’autant plus pernicieuses et avérées que celle-ci est assimilée à une pègre. Ce qui lui vaut à juste titre le nom, plus évocateur, de Mafiafrique. Ceci est d’autant plus indéniable que ses activités criminelles sont couvertes par une omerta.
Il convient cependant de signaler que fondamentalement la bienfaisance est l’un des moyens d’action de la Franc-maçonnerie. Elle encourage ses membres à œuvrer pour le progrès de l’humanité. C’est ainsi que la Franc-maçonnerie s’est assignée comme but de travailler à l’amélioration spirituelle et morale de l’être humain. De toute évidence ce noble dessein semble être dévoyé sur le continent africain où les maçons, encore appelés frères de lumière, toutes obédiences confondues, se comportent comme des hors-la-loi. De connivence avec les potentats et roitelets africains, inféodés sinon en intelligence avec la France, ils se rendent coupables des exactions et crimes indicibles. Les frères de lumière et les éminences grises françafricaines se sont manifestement constitués en un syndicat du crime, foulant au pied les libertés individuelles et publiques, méprisant la dignité humaine et surtout cette chose aussi sacrée qu’est la vie humaine. C’est assez extraordinaire de voir comment les grands maîtres des loges maçonniques françaises cautionnent l’autoritarisme outrancier, la délinquance en col blanc, les exactions en tous genres et les actes de crapulerie dont les populations africaines sont victimes de la part de leurs dirigeants.
En effet, l’influence grandissante de la Franc-maçonnerie et la pérennisation de la Françafrique tiennent au fait que la France n’a jamais fait le deuil de son empire colonial. Doit-on ignorer que ce pays a bâti sa prospérité sur le sang des Noirs ; les sinistres périodes de l’esclavage, de la traite négrière et de la barbarie coloniale en témoignent. Aujourd’hui la France est plus que jamais déterminée à pérenniser cette ignoble et machiavélique logique. Les moyens ont certainement changé, mais le but visé reste le même. Aux yeux de la France, les pays de son pré-carré sont indéniablement des États-colonies. Ceci est d’autant plus vrai que Claude Cheysson concédait : « La politique africaine de la France ne fait pas partie de la politique étrangère, mais plutôt un élément de la politique domestique élyséenne.» En effet, une constante de cette politique néocoloniale réside dans le maintien au pouvoir, dans les pays du pré-carré, des dictateurs et tyrans sanguinaires inféodés aux vues d’une puissance étrangère. C’est absolument absurde et déroutant ! Devant une telle façon de faire, la prétendue douce France a intérêt de se regarder elle-même, qu’elle tire les conclusions et surtout qu’elle cesse de donner des leçons à autrui, car elle est loin d’être digne d’humanisme.
Il est cependant aisé de poser que la France est foncièrement nuisible à l’Afrique tant la tutelle prédatrice et criminogène qu’elle s’acharne à pérenniser en Afrique ne s’accommode guère avec le développement ; aussi le préalable au déclenchement du processus de développement socio-économique consiste en la fin de toute tutelle néocoloniale. Il s’avère dès lors impérieux de s’affranchir du règne de la tyrannie, de l’oppression, de l’arbitraire, de l’asservissement et surtout du mépris déshumanisant et rétrograde que la France affiche à l’endroit de l’homme noir. C’est justement à cet effet qu’il convient de signaler que récemment, en dépit de nombreuses victimes à l’arme automatique, l’effroyable tyran sanguinaire Sassou Nguesso venait de jouir d’une caution inespérée de la part de François Holande quant à la modification de la constitution, en vue d’une présidence à vie. On ne peut qu’avouer notre incompréhension de voir le président français, soutenir contre toute attente, un criminel notoire qui pratique le terrorisme d’Etat contre son propre peuple. A l’évidence, Sassou Nguesso est honni et vomi par le peuple congolais. Le désamour de celui-ci à l’endroit de l’usurpateur, de l’imposteur hors-la-loi et bourreau du peuple est tel qu’il y a une fracture sociale avérée. Pour ce faire, Sassou Nguesso est plus que jamais un homme du passé et sa présence à la tête de l’Etat ne se justifie plus. En outre, il a sans état d’âme, dévoyé et désacralisé la fonction présidentielle au moyen du parjure, de la forfaiture, et d’une flagrante violation de la constitution, sans compter les crimes de sang et économiques. Tout ceci constitue une haute trahison envers la patrie. En conséquence, il mérite amplement la peine d’indignité nationale.
La pérennisation de la françafrique et surtout la montée en puissance de la Franc-maçonnerie en Afrique sont d’autant plus inquiétantes que les maçons, au sommet des Etats, ont la conscience engluée par le sang des innocents et impliqués dans des affaires de corruption et de biens mal acquis. Il y a lieu cependant de souligner le contraste flagrant entre les actes crapuleux des maçons et les principes de la Franc-maçonnerie. En effet, celle-ci est considérée comme une société secrète essentiellement philanthropique, philosophique et progressiste. Elle a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité. Elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. Elle a pour principe la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience. Mais en dépit de la vocation spéculative – c’est-à-dire philosophique – de la Franc-maçonnerie, son idéologie principale a toujours été les Lumières souvent mêlée de mysticisme ésotérique et de passion pour l’occulte.
Au vu des agissements des francs-maçons en Afrique, on est en droit de se poser la question de savoir s’ils adhèrent vraiment à l’idéal intrinsèque sinon aux valeurs prônées par la Franc-maçonnerie. Il convient de noter que si ces nobles et louables principes sont observés ailleurs, en Afrique ils sont loin de l’être. Aussi profondément humanistes que soient les préceptes maçonniques, il n’en demeure pas moins vrai qu’en Afrique les maçons se comportent comme des hors-la-loi. Les dirigeants africains, fréquentant les colonnes du temple, après s’être ligotés avec le serment maçonnique ne s’encombrent guère de scrupules pour le battre en brèches. Sinon, comment alors comprendre autant de crimes humains et cette criminalité économique endémique qui grèvent respectivement le capital humain et entravent le développement socio-économique de nombre de pays. Le fait que nombre d’autorités africaines soient à la fois des éminences grises de la Françafrique et passés « sous le bandeau », en franc-maçonnerie, peut se comprendre dans le sens que leur cooptation dans ces structures est non seulement un excellent ascenseur social, mais aussi un moyen, non des moindres, pour pérenniser le pouvoir dictatorial, tyrannique, oppressif et surtout servir les intérêts de la France.
En somme, la Franc-maçonnerie et la Françafrique constituent indéniablement le cheval de Troie, le plus sûr, de l’impérialisme français en Afrique. En d’autres termes on dira qu’elles sont les mamelles dont se sert la France pour pomper l’Afrique. Elles sont à l’évidence, le domaine de toutes les compromissions et de tous les coups tordus, un espace protégé où l’impunité est assurée aux puissants. La France pétrie d’une culture impérialiste séculaire et tributaire de son passé colonial est l’expression des réminiscences coloniales qui consistent à maintenir les ex pays colonisés à sa remorque, mieux sous sa domination. La rapacité meurtrière de la France est telle qu’elle jouit non seulement d’un droit de regard et de contrôle des pays sous sa tutelle, mais elle fait et défait volontiers les pouvoirs. Ceci dans l’unique dessein de poursuivre l’œuvre de prédation et de vampirisation des États.
L’Afrique subit la Franc-maçonnerie et la Françafrique à la manière d’un boulet qui la fait inéluctablement sombrer dans les abysses. Après la ponction esclavagiste, le pillage des ressources naturelles, pendant la période coloniale, ayant contribuées au développement de la France ; celle-ci entend poursuivre son enrichissement au dépend des Africains. Ceci est d’autant plus vrai que les ex colonies françaises sont placées sous un esclavage financier qui sous-tend une domination et une exploitation économiques éhontées. Tout ceci est régi par un impôt colonial caractérisé par une monnaie anachronique d’inspiration nazie, le francs CFA, imposée unilatéralement à 15 pays du pré-carré français depuis 1945. Cela fait donc 70 ans, jour pour jour, depuis que la France, sans état d’âme, vole, pille et dépouille les pays africains de leurs économies et participe activement à l’appauvrissement des Africains. Au regard de cet état de fait, il ne serait donc exagéré d’affirmer que la France, parée de sa réputation de pays des Lumières et des droits de l’homme, est viscéralement raciste et négrophobe. On ne peut qu’être dépité et réduit à relever un tel paradoxe sur fond d’escroquerie intellectuelle sinon d’hypocrisie spécieuse à la française!
En somme, les Africains sont assez matures pour dire non à la logique des massacres récurrents, du pillage des matières premières, de la destruction des économies, et de la paupérisation que leur impose le duo explosif Franc-maçonnerie/Françafrique, véritable pègre incrusté au cœur des États. Mais faudrait-il encore qu’ils se donnent les moyens d’une telle entreprise. Ceci réside dans la réappropriation de leur liberté compromise ; tout en sachant que celle-ci ne s’acquiert pas à coup de décret ni par un quelconque élan de mansuétude des bourreaux et prédateurs de tous bords, mais plutôt se conquiert de haute lutte. Les Africains ont de bonnes raisons de lutter en vue de l’aboutissement de cet idéal. Il n’est de noble et juste cause pour un peuple que de s’assigner la mission historique de recouvrer sa liberté et de prendre son destin à bras le corps. Recouvrer la liberté doit être perçu comme un impératif sinon devoir de la plus haute importance. C’est en effet une question de conscience collective et de responsabilité individuelle, d’autant plus que c’est le destin du peuple noir qui est en jeu. L’Afrique francophone a plus que jamais besoin d’une véritable indépendance dont tous fils et filles, épris de paix, de justice, de liberté et de dignité jouiront pleinement les effets.
C’est pourquoi l’on ne saurait se résigner à subir indéfiniment et passivement le joug néocolonial d’une France impérialiste et prédatrice. Aussi, il s’avère impérieux pour tous les Africains francophones de se ressaisir. Étant donné le fait qu’ils sont tous embarqués dans le même bateau, le naufrage sera collectif et l’option d’un sauvetage individuel est à proscrire. En face du cocktail détonnant que représentent la Franc-maçonnerie et la Françafrique, il sied de prendre conscience de l’ampleur du mal, de faire bloc et de s’engager ipso facto dans la titanesque lutte de la conquête d’une indépendance véritable et durable.