« La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité » Albert Camus
Dakarmidi – La démocratie sénégalaise est-elle mal barrée? Les hommes qui l’incarnent et qui parlent en son nom sont-ils sérieux? Juste un constat d’un souvenir amère! En 2007, Macky Sall, alors tout-puissant directeur de campagne de Wade, avait annoncé les résultats obtenus par ce dernier, alors qu’ils n’étaient même pas encore officieusement proclamés. En 2012, c’est lui même qui gagne les élections en dépit de la superpuissance de la machine Wade, de ses moyens, de son altruisme, de son patriotisme et de sa haute stratégie.
Depuis lors, l’actuel chef de l’Etat n’a perdu aucune élection, il a tout raflé dans des conditions quelques fois qui laissent à désirer, sans grande contestation mais douloureux fut d’avaler la pilule pour les électeurs. Il faut avouer en effet que 90% des échéances électorales qu’il a organisées et participées demeurent entachées de fraudes massives, de rétention de cartes d’électeurs, de violences verbales, parfois physiques et de tant d’autres voies empruntées illégalement pour consolider son assise et son pouvoir.
Cette donne fait d’autant plus peur aux observateurs qui redoutent que la démocratie que nous avons obtenue après un combat âprement gagné et parfois avec effusion de sang ne soit vaine. Ni lui, ni les générations à venir ne doivent se permettre de tripatouiller les fondamentaux qui la régissent. Ceci serait intolérable. Ils sont nombreux voir unanimes à défendre la thèse selon laquelle, Macky Sall et son régime ne sont pas « clean » en matière de gestion électorale. De sortes qu’on peut affirmer dorénavant que la démocratie sénégalaise va mal, très mal au point que l’opposition et la société civile ont décidé de retourner dans les rues pour battre le macadam le 09 Février prochain afin de dire halte à ce forcing grimpant qui peut être très lourd de conséquences.
Récemment le Président a annoncé sa ferme volonté de remporter les élections prochaines avec 60% des voix, son score en 2012 au second tour frôlait les 66%, à l’époque, les sénégalais voulaient à tout prix se débarrasser de Wade, et non l’élire. Entre temps, des élections se sont déroulées sur l’ensemble du territoire national et excepté de rares cas, à compter du bout des doigts, comme énoncés ci-dessus, jamais le camp présidentiel n’a atteint les 50% de la totalité des suffrages valablement exprimés. Il s’est d’ailleurs plaint lui-même des mauvais scores lors des législatives, lors d’une réunion au Palais avec les responsables de Apr-Dakar. Mais le paradoxe est que malgré ces scores peu honorables, il sort toujours vainqueur à l’arrivée. Mystère et boule de gomme.
À quelque 13 mois de la présidentielle de 2019, Macky Sall semble disposer à corriger cela aux vues de ses actes de ces derniers jours car, il est apparu clair que notre système politique même si pour des complications d’ordre respiratoire est sous oxygène, ne peut plus voir un candidat gagner les élections au premier tour.
C’est donc aux sénégalais d’ouvrir les yeux et de mesurer la portée de la proposition qui leur sera faite pour qu’il daignent donner un autre mandat à Macky Sall surtout en cette période où les hommes du régime en place ont décidé d’être plus souple, doux comme des agneaux, suivant les directives du chef, parfois aveuglément, lui-même est disposé à écouter tout le monde, à tendre la main à tous les sénégalais et à vouloir être le serviteur d’une nation qu’il a volontairement délaissée pendant 06 bonnes années avec le non respect de sa parole donnée et tant d’autres dictées ratées. Les questions qu’on se pose dès lors sont de savoir si nous allons vers une nouvelle alternance ou sommes-nous simplement en train de filer tout droit vers la catastrophe?
À cogiter ….
(Bounama Sow Shasty)