Dakarmidi – Dans le dossier Khalifa Sall, comme dans toute affaire de cette nature, il y’a les parties émergée mais aussi immergée de l’iceberg. La superficie sensible, c’est les polémiques, les bravades de toutes sortes, les versions des uns et des autres servies à l »opinion publique. Les coulisses, ce sont des pourparlers menés depuis la veille de l’incarcération du maire de Dakar, au Sénégal comme à l’étranger.
Yerimpost est en mesure de révéler que la première personnalité à avoir initié une médiation entre le président de la République, Macky Sall, et Khalifa Sall est un industriel milliardaire basé à Genève, ami de l’édile de la capitale. Cet homme d’affaires a une histoire avec les deux protagonistes du dossier: alors opposant, l’actuel locataire du Palais de l’Avenue Léopold Sédar Senghor fut présenté au magnat genevois par… Khalifa Sall. Connaissant les deux hommes, ce premier médiateur a tenté d’éviter le conflit, allant jusqu’à proposer de payer de sa poche la somme litigieuse.
Le second médiateur est aussi un Etranger. Il s’agit du maire d’une grande ville marocaine, un ami très proche de son homologue dakarois avec lequel il siège au sein de l’Association des maires francophones. Le voyage de Khalifa Sall au Maroc, une semaine avant son emprisonnement, n’a rien de fortuit. Il s’inscrit dans les pourparlers initiés pour éteindre le contentieux. Cette initiative, elle aussi, a échoué. Bien qu’elle aurait pu déboucher sur un paiement de la somme objet de la poursuite qui allait conduire le premier magistrat de Dakar à Rebeuss.
Après ces premières tentatives, une initiative a vu le jour à l’intérieur du Sénégal. Un businessman libanais, habitué à exécuter des marchés de la ville de Dakar, donateur de la fondation Servir Le Sénégal, a, lui aussi, contacté des personnes très proches du président de la République pour tenter d’éviter le pire. En vain. Ce qui devait arriver arriva…
Khalifa Sall déféré à Rebeuss, les tentatives de médiation n’ont pas pour autant cessé. Des sages du Parti socialiste (PS), dont est issu le maire, ont pris leur bâton de pèlerin. Ils ont rencontré le premier secrétaire du PS, Ousmane Tanor Dieng, à l’effet de le convaincre d’intercéder auprès de Macky Sall afin que le détenu soit élargi. Réponse de Tanor: « Khalifa a commis une erreur. Et l’erreur se paie en politique. Je l’ai rencontré pour le dissuader d’appeler à voter « non » au référendum. Il a passé outre. » Une façon polie pour le patron du PS de décliner la demande que les personnes âgées de son parti étaient venues lui soumettre.
En dépit de toutes ces tractations secrètes, Khalifa Sall séjourne à Rebeuss depuis le 7 mars 2017, dans la solitude de l’épreuve. Si les bonnes volontés n’ont pas pu l’en extraire, peut-être que la justice sénégalaise le fera. A défaut, il devra mettre à profit son isolement pour prier afin que Dieu, le plus grand des juges, le délivre des liens de la détention.
Cheikh Yérim Seck